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Polyamour et relation ouverte : quelles différences ?

Deux modèles, deux logiques

Polyamour et relation ouverte sont souvent évoqués ensemble.
Ils appartiennent en effet à la même famille des relations non-exclusives consenties, parfois regroupées sous le terme de non-monogamies éthiques (ENM).
Mais ces deux modèles s’appuient sur des intentions, des structures et des vécus distincts.

L’un met l’accent sur la multiplicité des liens amoureux.
L’autre organise une ouverture sexuelle au sein d’un couple engagé.
Les deux supposent une communication claire, des accords partagés, et une conscience de ce que l’on construit.
Mais polyamour et relation ouverte ne visent ni les mêmes expériences, ni les mêmes types de lien.


La relation ouverte : un couple comme base, une sexualité qui s’ouvre

Dans une relation ouverte, un couple engagé décide de permettre à chacun·e de vivre d’autres relations sexuelles ou sensuelles, en dehors du lien principal.

Cette ouverture peut prendre plusieurs formes :

  • aventures ponctuelles, lors de sorties ou en voyage
  • sexualité parallèle avec des partenaires occasionnels
  • expériences partagées à deux (type libertinage, clubs, triades temporaires)

Ce qui structure la relation ouverte :

  • un noyau affectif et logistique fort (couple, cohabitation, vie partagée)
  • une ouverture partielle ou ciblée, souvent encadrée par des règles (où, avec qui, quoi, quand, etc.)
  • une intention de préserver le lien central comme priorité (Moors et al., 2014)

L’ouverture est conçue ici comme une extension du champ sexuel, pas comme la multiplication de liens affectifs durables.


Le polyamour : plusieurs amours assumés, construits, vécus

Dans le polyamour, il ne s’agit pas simplement d’ouvrir la sexualité.
Il s’agit de vivre plusieurs relations amoureuses en parallèle, avec l’accord et la conscience de toutes les personnes impliquées.

Ces relations peuvent être :

  • hiérarchisées (lien principal + liens secondaires)
  • égalitaires (relations de poids équivalent)
  • interconnectées (avec d’autres partenaires en constellation)
  • indépendantes (chacun·e mène ses relations à son rythme)

Le polyamour implique :

  • une capacité à s’attacher à plusieurs personnes sans hiérarchie affective automatique
  • une grande flexibilité émotionnelle et logistique
  • une construction active des règles, qui peuvent différer selon chaque lien (Sheff, 2014 ; Flicker & Conley, 2021)

Il ne repose pas sur un couple comme socle unique, mais sur l’idée que l’amour peut se vivre à plusieurs, sans se diviser.



Témoignage croisé

“On a ouvert notre couple après 12 ans de monogamie.
On ne cherchait pas à tomber amoureux·se ailleurs, juste à retrouver du jeu, de l’excitation, à deux ou séparément.
Ça a été très clair dès le départ : on se raconte, on pose des limites, mais on reste notre socle.”
— Camille, 39 ans, en relation ouverte

“Je suis polyamoureuse depuis toujours, je crois.
Pour moi, aimer plusieurs personnes en même temps, c’est naturel.
Ce n’est pas un remplacement, ni une comparaison. Chaque lien est unique, autonome, vivant.”
— Inès, 33 ans, en constellation polyamoureuse


Points de friction possibles

Il arrive que les deux modèles se croisent : une relation ouverte peut évoluer vers du polyamour, ou inversement.
Mais certaines tensions apparaissent parfois :

  • une personne dans le couple souhaite approfondir un lien secondaire : cela demande un réajustement du cadre initial
  • la gestion du temps et de l’énergie devient plus complexe : il faut renégocier les priorités, les attentes
  • les formes d’attachement changent : certaines personnes découvrent qu’elles peuvent aimer plusieurs personnes, d’autres préfèrent garder un ancrage exclusif

Ces situations signalent simplement que les besoins évoluent, et que les règles peuvent être revisitées.


À retenir

Polyamour et relation ouverte sont deux chemins distincts au sein de la non-monogamie éthique.

L’un explore la coexistence de plusieurs amours.
L’autre préserve une base affective centrale tout en autorisant d’autres expériences.
Les deux impliquent une grande conscience de soi, de l’autre, et du cadre relationnel.

Il ne s’agit pas de choisir le bon modèle, mais de nommer honnêtement ce que l’on souhaite vivre, avec respect pour les personnes concernées.

Ce qui rend un lien viable :
c’est sa cohérence interne, sa clarté, et la qualité de présence qu’on y investit.

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin

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A lire ici : tous les articles pour les couples non exclusifs ( ENM, polyamour, échangistes…)


📚 Références

  • Moors, A. C., Conley, T. D., Matsick, J. L., & Ziegler, A. (2014). Stigma toward individuals engaged in consensual non-monogamy: Robust and worthy of additional exploration. The Journal of Sex Research.
  • Sheff, E. (2014). The Polyamorists Next Door: Inside Multiple-Partner Relationships and Families. Rowman & Littlefield.
  • Flicker, S. M., & Conley, T. D. (2021). Who identifies as polyamorous? Psychology & Sexuality.
  • Barker, M. (2005). This is my partner, and this is my…partner’s partner: Constructing a polyamorous identity in a monogamous world. Journal of Constructivist Psychology.
  • Balzarini, R. N., et al. (2017). Sexual and relationship satisfaction in consensually nonmonogamous relationships. Perspectives on Psychological Science.

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