La masturbation au service de la relation sexuelle
Ce texte parle souvent de “femmes” et “d’hommes” en lien avec des réalités sexuelles et relationnelles spécifiques. Ce choix ne prétend pas réduire l’ensemble des vécus à un modèle binaire, ni ignorer la diversité des genres et des sexualités. Il s’agit ici de s’appuyer sur des constats largement observés afin d’explorer une problématique ciblée.
Un regard plus large, incluant d’autres vécus, mériterait des articles à part entière.
On entend souvent que la masturbation permet de mieux connaître son corps. Pour les femmes, on en fait une recommandation : il faut pratiquer pour s’explorer, apprendre à se connaître, se découvrir. Pour les hommes, on la considère comme naturelle, automatique, évidente. Ça fait partie du paysage, comme si cela allait de soi. Mais si on s’arrêtait un instant pour interroger ces différences ? Qu’est-ce qu’elles disent de notre rapport au sexe, au plaisir, à la norme ?
Derriere les pratiques, les croyances
Pour les femmes, la masturbation est une conquête. On doit apprendre, se reconnecter à soi, déconstruire la honte, apprivoiser son plaisir. Elle est souvent présentée comme un outil thérapeutique, presque une prescription. Pour les hommes, elle est là depuis toujours. Elle n’appelle pas d’exploration, ni de remise en question. On fait, souvent vite, souvent seul, souvent de manière automatique. Mais là encore, est-ce si évident ?
Quand la masturbation peut enrichir la sexualité à deux
Au-delà des questions de genre, la masturbation peut être un outil puissant de transformation sexuelle dans la relation. Elle peut devenir une pratique consciente, créative, qui prépare, soutient et prolonge la sexualité partagée.
Côté femmes, cela peut vouloir dire :
- Se masturber dans des positions que l’on a envie de pratiquer à deux (pour le rapport hétérosexuel pénétratif, par exemple, éviter les jambes croisées )
- Associer le plaisir à l’image mentale de son/sa partenaire : imaginer qu’il/elle est là, qu’il/elle jouit aussi, qu’on partage ce moment
- Créer des connexions entre sensations et présence, entre fantasme et réalité
Côté hommes :
- Sortir de la masturbation rapide et déconnectée
- S’entraîner à moduler son excitation, ralentir, explorer des rythmes variés
- Imaginer des scénarios où le plaisir de l’autre devient moteur, sans se précipiter vers l’orgasme
- Se masturber dans des positions compatibles avec la sexualité partagée : allongé, debout, assis, pour mieux investir l’expérience à deux
Un outil d’apprentissage corporel et mental
La masturbation devient alors une véritable pédagogie du plaisir : elle permet d’entraîner le corps, d’habituer le cerveau à certaines connexions, d’intégrer des schémas positifs. C’est une manière de poser les bases d’une sexualité partagée plus fluide, plus profonde, plus en phase, dans toutes les configurations où le corps de l’autre entre en jeu.
Une question à se poser
Pourquoi ne pas utiliser la masturbation comme un outil de meilleure sexualité à deux ? Et si, au lieu de la vivre comme un moment à côté de la relation, ou comme simple apprentissage de son corps, sans lien avec la possible relation sexuelle réelle, on la considérait comme un espace d’entraînement, de préparation, d’affinement du plaisir ? Un véritable outil au service des expériences que nous avons envie de connaitre avec un ou des partenaires? Une manière de devenir un meilleur amant pour soi et pour l’autre.
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