Coajustement : danser à deux sans se tordre
Faire un compromis, c’est souvent céder un peu, plier, négocier. Mais coajuster, c’est autre chose : une posture vivante, fluide, qui cherche à préserver l’intégrité de chacun·e sans sacrifier le lien. Et si aimer, c’était apprendre à danser à deux… sans se tordre ?
Le compromis, ce piège élégant
Dans l’imaginaire relationnel dominant, le compromis est une vertu. Il serait la preuve de maturité, de bonne volonté, de respect mutuel. Mais en réalité, trop de compromis tuent la relation. Non pas parce qu’ils échouent, mais parce qu’ils s’accumulent en silence. Chacun rogne un peu sur ses désirs, ses élans, ses marges de liberté. On se tait, on s’ajuste seul, et on finit par disparaître doucement, élégamment, sous le poids des efforts consentis.
Le compromis est souvent une résignation polie. Le coajustement, lui, est un mouvement vivant.
Coajuster : ni céder, ni imposer
Le coajustement repose sur une idée simple mais exigeante : personne ne doit se tordre pour que le lien tienne. Il ne s’agit pas de “trouver le juste milieu”, mais de repérer ce qui est vraiment important pour chacun·e, ce qui peut bouger, ce qui ne peut pas.
C’est un processus en deux temps :
- D’abord, une écoute sincère de ce qui est en tension (besoin, limite, inconfort) ;
- Puis, une recherche active de solution, ensemble, sans gagnant ni perdant.
Parfois, cela débouche sur une nouvelle règle, un ajustement d’emploi du temps, une reformulation des attentes. Parfois, cela implique d’assumer un désaccord durable mais soutenable. Dans tous les cas, coajuster, c’est faire le choix du lien sans se renier.
Une chorégraphie à deux voix
Coajuster, c’est comme danser à deux sans partition. Il faut se regarder, sentir les appuis, accepter de ne pas mener seul·e. C’est un art de la nuance, de l’inachevé, de l’essai. Parfois on trébuche. Parfois on revient à la base.
Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir toujours la bonne réponse, mais de rester en dialogue. De pouvoir dire : “Ce que nous avons fait jusque-là ne me convient plus tout à fait. Peut-on revoir ensemble ce qui est ajustable, et ce qui ne l’est pas ?”
Pourquoi c’est un concept clé dans la Créativité Relationnelle
Dans une approche classique, les conflits sont des problèmes à résoudre. Dans la Créativité Relationnelle, ce sont des révélateurs : des appels à coajuster. Le coajustement devient alors un outil fondamental de régulation, mais aussi d’intimité. Car il suppose :
- de ne pas se contenter du silence ;
- d’oser dire sans accuser, bouger sans culpabiliser ;
- d’assumer que le lien a besoin de maintenance vivante.
Le coajustement est ce qui permet au pacte vivant de rester respirable. C’est le langage de celles et ceux qui choisissent d’aimer sans modèle imposé, mais pas sans attention.
Conclusion
On croit souvent qu’aimer, c’est faire des concessions. Et si c’était plutôt apprendre à coajuster sans s’effacer ? À voir l’autre non comme un obstacle à ses désirs, mais comme un partenaire de recherche active ? Le coajustement est peut-être la plus belle forme d’engagement : celle qui laisse la place au mouvement.
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