Outil : Les territoires du couple

Clarifier ce qui est à moi, à toi/iel, à nous. Identifier ce qui nourrit, ce qui protège, ce qui dérange. Créer un espace de dialogue autour des frontières, des exclusivités, des zones grises — dans une logique d’ajustement, pas de contrôle.


I. Le territoire de chacun·e : moi / toi

Commence par observer ce que tu as besoin de vivre, préserver ou protéger comme espace propre — pas contre l’autre, mais pour exister comme personne entière.

1. Ce que je considère comme mon territoire personnel

  • De quoi ai-je besoin pour me sentir respecté·e comme individu ?
  • Quels espaces (temps, lieux, pratiques, émotions…) je souhaite pouvoir vivre sans devoir les partager ?
  • Y a-t-il des zones de moi que je choisis de garder pour moi — par pudeur, plaisir, besoin d’indépendance ?
  • Qu’est-ce que j’aime vivre seul·e, et qui me fait du bien ?
  • Dans quelles situations je me sens particulièrement libre, aligné·e, entier·e ?

Ici, il s’agit d’examiner ce que tu reconnais comme appartenant à l’autre — et comment tu le vis. Entre respect, fierté, gêne ou distance, toutes les nuances comptent.

2. Ce que j’identifie comme étant le territoire de l’autre

  • Qu’est-ce que je reconnais comme « à l’autre », et que je respecte ?
  • Est-ce que je ressens de l’inconfort quand iel/elle/il protège certaines zones ? Lesquelles ?
  • Est-ce que je peux accueillir ses silences, ses choix, ses rythmes sans me sentir exclu·e ?
  • Dans quels moments je me sens fier·e, serein·e ou apaisé·e de voir l’autre exister par lui/elle/iel-même ?
  • Qu’est-ce que son autonomie nourrit chez moi ou dans notre lien ?


II. Le territoire commun : nous

Qu’est-ce qui, pour toi, construit ou soutient votre lien commun ? Ce qui ne se vit qu’à deux, ce qui a du sens partagé, ce qui crée une reconnaissance d’être un couple.

3. Ce qui est à nous — ce qui fait couple

  • Qu’est-ce qui, pour moi, appartient à notre lien ?
  • Quels rituels, lieux, moments ou dimensions relationnelles me semblent fondateurs de notre « nous » ?
  • Est-ce qu’il y a des choses que je souhaite garder comme exclusivement à deux ?
  • Quels moments partagés me relient profondément ?
  • Qu’est-ce qui m’a récemment rappelé la force ou la singularité de notre lien ?

Certaines zones sont plus sensibles. Ce sont parfois des lieux, des temps, des pratiques ou des engagements que tu ne veux pas voir déplacés — pas pour limiter, mais pour protéger.

4. Ce que je ressens comme « sacré » ou non-négociable dans notre lien

  • Y a-t-il des limites que je ressens comme vitales ?
  • Quelles pratiques, quelles personnes, quelles situations me mettraient trop en insécurité si elles entraient dans ce territoire ?
  • Qu’est-ce que je veux absolument préserver parce que ça me ressource ?
  • Qu’est-ce qui, dans notre intimité ou notre complicité, m’apporte de la joie ou un ancrage précieux ?

À l’inverse, certaines règles ou zones autrefois exclusives peuvent s’assouplir. Ici, tu explores ce qui pourrait se partager ou évoluer sans perdre l’essence du lien.

5. Ce que je serais prêt·e à ouvrir ou à réinterroger

  • Qu’est-ce qui pourrait être partagé sans que ça détruise notre intimité ?
  • Y a-t-il des « interdits » d’hier qui mériteraient d’être revisités ?
  • Où se situent mes zones grises : ce que je ne sais pas encore si je peux ou non ouvrir ?
  • Qu’est-ce qui pourrait être une ouverture joyeuse, légère, curieuse ?
  • Qu’est-ce que j’ai déjà osé bouger et qui s’est avéré nourrissant ?

III. La cohabitation de ces territoires

Nommer les frottements permet souvent d’éviter les débordements. Tu peux ici identifier des zones floues, mal délimitées, ou des moments de tension dans la gestion du « qui décide quoi ».

6. Ce qui crée de la friction entre nos territoires

  • Ai-je déjà eu l’impression qu’un de mes espaces a été envahi ? Ou que j’ai envahi celui de l’autre ?
  • Y a-t-il eu des situations où je ne savais pas si c’était « de mon ressort », « de l’autre », ou « à nous » ?
  • Comment réagit-on quand une frontière floue ou non dite est franchie ?
  • Dans quelles situations avons-nous réussi à nous ajuster avec souplesse ?
  • Quels exemples de gestion saine ou constructive d’un frottement puis-je nommer ?

Enfin, observe votre manière de parler (ou pas) de ces territoires. Existe-t-il un langage commun, des espaces d’ajustement, des mots ou des silences qui facilitent — ou empêchent — l’accordage ?

7. Comment on se parle de nos territoires

  • Est-ce qu’on peut nommer ce qui est important pour chacun·e ?
  • Est-ce qu’on a des moyens clairs de se signaler une intrusion ou un besoin de retrait ?
  • A-t-on un espace pour ajuster ensemble ce qui se déplace dans le lien ?
  • Quels dialogues à ce sujet nous ont fait du bien ?
  • Quelles évolutions communes ont renforcé notre lien ?