Créer la singularité relationnelle…oui, mais comment?
C’est bien joli, et c’est facile à dire.
Créer la singularité, faire du sur-mesure, oser la différence… Ce sont de belles intentions. Mais dans la réalité, quand on a grandi avec des modèles relationnels bien normés — monogamie, exclusivité, fidélité, cohabitation — comment fait-on pour construire autre chose ?
Comment savoir ce qu’on veut vraiment ? Ce qui nous convient ? Ce qui nous permettrait d’être nous-même, pleinement, dans un lien ?
Plus facile à dire qu’à faire.
Même s’il n’y a pas de recette, on peut poser quelques balises pour avancer dans cette exploration. Pas pour trouver la bonne forme une fois pour toutes, mais pour dessiner une direction qui nous ressemble. Voici cinq pistes pour amorcer ce travail de clarification.
1. Revenir à son propre vécu
Avant de se projeter dans un modèle idéal, il est utile de regarder d’où l’on vient.
Quels types de relations ai-je vécues jusqu’ici ? Quels cadres explicites ou implicites les régissaient ? Ai-je été plutôt dans des dynamiques conventionnelles ou plus marginales ? Et surtout, est-ce que ces liens m’ont globalement nourri·e ou abîmé·e ?
Dans chacune de ces expériences, je peux essayer d’identifier ce qui m’a paru fluide, léger, naturel. Et à l’inverse, ce qui a généré des tensions, de la confusion, une forme d’inconfort persistant — parfois sans que je sache exactement pourquoi.
Il ne s’agit pas de dresser un bilan exhaustif, mais de faire émerger des constantes. Des indices. Des sensations de juste ou de pas juste.
2. Mettre en lumière ses besoins et ses valeurs
Ce retour sur expérience me permet ensuite d’interroger les besoins fondamentaux qui traversent mes relations.
Qu’est-ce qui m’a permis de me sentir en sécurité ? Qu’est-ce qui m’a donné le sentiment d’être vivant·e, désiré·e, libre ? Qu’est-ce qui m’a connecté·e à moi-même ?
En regardant les comportements, les accords, les habitudes qui ont jalonné mon parcours, je peux commencer à repérer les valeurs profondes qui les sous-tendent.
Certaines me parlent de confiance, d’autonomie, de réciprocité. D’autres de loyauté, d’honnêteté, de présence.
Ce ne sont pas des théories : ce sont des balises intérieures, qui m’indiquent ce qui soutient — ou empêche — mon équilibre dans le lien.
3. Identifier ses peurs dans la relation
À côté des besoins, il y a les peurs. Elles sont souvent moins visibles, mais tout aussi structurantes.
Quelles sont les peurs qui reviennent dans mes relations ? Celle d’être abandonné·e, enfermé·e, remplacé·e, rejeté·e ? Par quels comportements sont-elles déclenchées ? Une prise de distance, une nouvelle rencontre, un silence prolongé ?
Et une fois activées, comment ces peurs s’expriment-elles ? Est-ce que je me ferme, que je deviens rigide, que je prends le contrôle ou que je me retire ?
En identifiant les déclencheurs et les réactions, je peux commencer à comprendre le fondement émotionnel de ces peurs.
Certaines sont liées à mon histoire, d’autres à mes représentations du lien. Les repérer ne les annule pas, mais me permet de ne plus en être totalement prisonnier·ère.
4. Imaginer ce qui me conviendrait aujourd’hui
À partir de là, je peux commencer à me projeter. Non pas dans une utopie lisse, mais dans une forme relationnelle qui pourrait, ici et maintenant, me convenir.
Si je devais imaginer une relation idéale, à quoi ressemblerait-elle dans le quotidien ? Quel rythme, quels temps partagés, quels territoires préservés ? Quel niveau d’engagement, de transparence, de sexualité ? Quelle place pour l’autonomie et pour l’intimité ?
À quoi ressemblerait une journée dans ce lien ? Une semaine ? Une année ?
Quels seraient les piliers qui soutiennent cette relation ? Quels en seraient les ingrédients essentiels, et comment seraient-ils répartis ?
Imaginer, ici, ce n’est pas figer : c’est créer un espace mental où des possibilités deviennent envisageables.
5. Ce que tout cela me dit
En croisant mon vécu, mes besoins, mes peurs et mes désirs, je ne découvre pas un mode d’emploi, mais je commence à tracer une carte. Une carte personnelle, mouvante, mais précieuse.
Je peux y lire ce qui compte vraiment pour moi. Ce que j’ai envie de poser comme base. Ce que je suis prêt·e à ajuster, à protéger, à inventer.
Créer la singularité, ce n’est pas chercher à tout prix l’originalité. Ce n’est pas s’inventer un lien bizarre pour se différencier des autres.
C’est oser sortir du prêt-à-aimer, et s’autoriser à construire à partir de soi.
C’est accepter d’avancer dans le brouillard, avec quelques repères solides — les siens — en acceptant que certaines réponses mettront du temps à émerger.
Mais c’est surtout reprendre la main.
Et retrouver, dans le lien, un espace qui ne nous déforme pas. Un espace qui nous ressemble.
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